CE(UX) QUI RESTE(NT)
Duo de cirque dansé pour la salle
1 heure
Création 2026
Ce qui nous relie Aimé Rauzier et moi-même ce n’est pas le fait d’avoir été formé à l’Académie Fratellini, dans la même discipline, mais la perte d’un être aimé.e, trop tôt disparu : une expérience soudaine et brutale avec la mort dans nos vies de jeunes adultes.
Le matin le plus difficile, est-ce celui du lendemain de la perte d’un être aimé, ou celui, quelques mois, année après, où on se réveille en s’apercevant qu’on ne souffre plus, qu’on a oublié ? Que faire de cette culpabilité ? Comment ne pas oublier ? Est-ce qu’on essaie de les maintenir en vie ? Qu’est-ce qui reste d’eux ? Que veulent les morts ?
“ Les morts veulent être souvenus ” écrit Vinciane Despret.
Comment inviter les morts sur le plateau ? Une idée surgit en lisant un passage de son livre Au bonheur des morts : “ Les dispositifs créateurs de mondes virtuels et, surtout les technologies médicales prolongeant artificiellement la vie en créant des personnes mortes dans des corps de vivants ”. Et si je faisais le contraire, créer des personnes vivantes dans des corps morts. L’idée du mannequin vient de là. Ce sont les mots de Vinciane Despret qui m’encourage : “ Les morts ne sont morts que si on les enterre. Si nous ne prenons pas soin d’eux, les morts meurent tout à fait. La charge d’offrir “ plus ” d’existence nous revient.” Je vois là, par le corps du mannequin, le moyen d’offrir ce plus d’existence.
Je travaille depuis plusieurs années le partnering, le mouvement à deux, créer des possibilités qu’on ne peut s’offrir seul. Chercher des acrobaties avec/sur/dessus/dessous le corps du partenaire, comment deux corps s’imbriquent. Le travail du poids est central dans cette nouvelle création avec Aimé Rauzier, par le poids de l’autre et le poids des mannequins. Le partnering est appliqué à l’acrobatie, on prend en charge le poids de l’autre alors qu’un acrobate cherche à s’élever, à être léger, en apesanteur : oublier le poids. Notre corps garde en mémoire les corps qu’il rencontre. Qu’est-ce qui me reste d’un corps disparu ?
Je souhaite m’emparer de cette question par l’acte de création. Car la relation avec nos morts se conjugue au présent. Au-delà du fait que l’acrobatie est le lien premier qui nous réunissent tous les quatre, c’est aussi un élan. Sauter, s’élever, basculer, chuter. Chuter à deux mais se relever à 4. Par notre langage acrobatique, fait de percussions, d’impulsions, de recherche d’élévation, nous allons avec nos morts au plateau, avancer avec leur poids.
“ Un problème, auquel un grand nombre de ceux qu’un mort laisse s’efforceront de répondre : où est-il ? Il faut situer le mort, c’est-à-dire lui “faire” une place. Le “ici” s’est vidé, il faut construire le “là”.” Vinciane Despret
CE(UX) QUI RESTE(NT) est notre tentative de construction du “Là”.
Marius Fouilland
Distribution:
Porteur de projet : Marius Fouilland
Auteurs/Interprètes : Marius Fouilland et Aimé Rauzier
Accompagnement dramaturgique : Aurélien Bory
Accompagnement du mouvement : Sylvère Lamotte
Mannequin/Magie Nouvelle : Rachel Cazenave
Conception costume : Zoé Pétrignet et Rachel Cazenave
Création sonore : Victor Comby
Création lumière/Technique : Greg Desforges
Production/Diffusion : Camille Boudigues
Technicien plateau : En cours
Partenaires:
CIRCa pôle National Cirque, Auch (32)/ Théâtre Ducourneau Agen (47)/ CND Lyon (69)/ Le Parvis, Scène Nationale de Tarbes (65)